21 Septembre 2014
"Graver l'écorce jusqu'à saigner ..."
Vivre ici, dans le confort relatif et l'indifférence.
Ne pas regarder les images de guerre et de mort, pour tenter de survivre à l'horreur.
Comment se contenter de savoir, sans dire, sans crier.
Tout en moi se révolte mais aussi se réfugie dans le silence.
J'ai eu la chance de naître ici et maintenant, plutôt que dans un monde où le soleil brûle les hommes, où la guerre écorche les corps, où la misère dessèche les cœurs, où les virus éclosent du néant pour anéantir les hommes.
Cette chance, je la connais, je la mesure.
Mais je reste là, cachée dans le silence.
Que faire à part prier pour que cela s'arrête, que les hommes cessent de se battre et apprennent à s'aimer ?
Je n'ai jamais aimé les grand-messes et les orgues pompeux, mais le chant des hommes qui emplit les nefs m'apaise. Il m'arrive d'entrer dans une église vide, pour en goûter la paisible lumière, dans le silence des cœurs qui sont venus partager leur souffrance ici, avant moi.
L'impression que les prières s'envolent jusqu'en haut des voûtes, et qu'elles traversent l'arc en ciel des vitraux, pour qu'On les entende, cette impression est forte !
Mais c'est une impression...
Et là-bas, le bruit des canons continue de tonner.
Et là-bas, les cris des femmes que l'on viole et des hommes que l'on égorge, me transperce l'âme.
Et là-bas, la mort gagne.
Là-bas, la Paix, l'Amour et la Joie ont perdu la guerre...
"Y'a pas de haine
Y'a pas de roi
Ni Dieu, ni chaîne
Qu'on ne combat
Mais que faut-il
Quelle puissance ?
Quelle arme brise
L'indifférence ?"