6 Novembre 2014
« Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune. »
Verlaine
Chaque fois qu’elle regardait cette photo, elle se projetait là-bas.
Ce jour-là. A cet instant précis. Ce soir-là.
A l’instant où le jour s’éteint, où la mer s’étale, où se tait le vent, où chacun se presse de rentrer , où se montre l’obscurité.
Comment était-elle arrivée là ? Ce n’était pas important. Elle était là, c’est tout.
Elle était là pour le voir glisser vers l’horizon.
Il passait en silence, flottant sur les vagues sanglantes. Il passait et elle savait qu’il ne reviendrait jamais.
Le ciel à la dérive.
Le cœur sur l’autre rive.
Elle devrait oublier l’absence, apprendre à aimer le silence, choisir l’insouciance.
Elle ne pourrait oublier l’enfance.
Il n’y aurait pas de renaissance.
Chaque fois, le même rêve, la même couleur de sang.
Cette nuit écarlate.
Ce soir de cuivre et de sang où elle avait vu mourir la lune.