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Promenades avec Marie-Christine Grimard

Aime la vie et le partage d'émotions, et danse avec elles en mots et en images, pour que le chemin vers les étoiles soit toujours bleu.

Une Image ... une histoire: Départ

« Why do you stay in prison when the door is so wide open? »

Rumi

Une Image ... une histoire: Départ

Encore une nuit sans sommeil.

Il les entendait passer tout autour, les bruits des autres, la vie des autres.

Lui, il restait là, immobile dans cette prison. Les bras le long du corps. Inerte, contracté, rigide, rétracté.

Ce corps ne savait plus rien faire, à part respirer, et avoir faim.

Les premiers temps, la faim était pénible, lancinante, insistante. Puis, il s’était habitué. Il ne bougeait plus, ne dépensait plus d’énergie, ou le moins possible, et la faim elle-même s’était tue.

Il se sentait de plus en plus léger.

Parfois, il avait la sensation de s’envoler, mais ça ne durait jamais. Quelques secondes, et puis quelque chose le rattrapait par les pieds, et il retombait sur le sol, froid et dur. Il avait toujours froid. Toute cette humidité s’insinuait par tous les pores de sa peau. Pourtant, il n’aimait que la chaleur.

Où était parti le soleil ?

Où étaient cachées les étoiles ?

Le silence arrivait. Il allait le savourer. Il serait court, une heure tout au plus, puis ils reviendraient le briser avec leurs paroles et leurs instruments.

C’était l’heure entre jour et lendemain, où tous les possibles sortent de l’ombre. L’heure entre chien et loup, où les chimères prennent vie, où les rêves prennent corps. Son rêve à lui, c’était de nager aux confins des étoiles, de voguer sur leur poussière scintillantes, sans limite, sans frissons.

Il lui restait quelques minutes avant qu’elle n’entre. Il savait qu’elle viendrait, lui prendrait la main, compterait les battements de son pouls et les soulèvements de sa poitrine, scrutant la couleur de ses lèvres. Il ne voulait pas qu’elle le retienne un jour de plus.

Il n’y avait qu’à prendre son élan, et bloquer sa respiration. Juste une petite minute.

*

Il n’eut que le temps de se retourner pour la voir entrer sans frapper, selon sa détestable habitude.

Il sourit, visa la grande ourse, et s’envola avant qu’elle n’ait eu le temps de prendre sa main.

*

Elle s’approcha de lui, étonnée de son air paisible. Il n’avait pas été aussi paisible depuis bien longtemps. Cette pâleur ne lui disait rien qui vaille.

Et ce silence.

Elle se pencha vers son visage, impassible, posa sa main sur la sienne, appuyant la pulpe de son index sur cette gouttière creusée à la racine de son pouce. Elle soupira, prit le stéthoscope autour de son cou, l’ajusta sur ses oreilles, posa le pavillon sur sa poitrine et soupira de nouveau.

Elle fixa son visage de nouveau en hochant la tête, puis s’approcha de la fenêtre. Les lumières de la ville lui cachaient le ciel, mais elle savait que derrière les premiers nuages, la voie lactée éclatait de beauté.

Un sourire revint sur ses lèvres. Se retournant vers lui, elle lui dit:

« Tu as choisi une belle nuit. J’espère que ton voyage sera beau. Je penserai à toi. Je suis heureuse que tu sois libre, maintenant… »

Malgré elle, l’émotion la submergeant, elle ne put empêcher les larmes de monter. Les chassant d’un revers de main, elle lui jeta un dernier regard, puis sortit de la chambre pour prévenir ses collègues.

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P
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L
on aimerait repenser ainsi les départs et leurs rites singuliers. Ils nous font les panser. Les humaniser peut-être...
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M
Merci de votre lecture et de penser avec moi à tous ces départs que l'on aurait pu rendre plus légers, pourtant cette acceptation est un part essentielle de notre humanité.