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Promenades avec Marie-Christine Grimard

Aime la vie et le partage d'émotions, et danse avec elles en mots et en images, pour que le chemin vers les étoiles soit toujours bleu.

Une image... une histoire: Lettres (Partie 2/3)

La jeune femme s’arrêta au coin de la rue pour reprendre son souffle, arrangea sa coiffure, puis se dirigea vers le café de la place voisine baptisé le "Bar des amis" .

Léa hésita à la suivre, elle n’était jamais entrée seule dans un bar auparavant, puis se décida. L’atmosphère était conviviale, les gens s’interpelaient, riaient, jouaient aux cartes, ou refaisaient le monde accoudés au comptoir. Léa se dit que ce bar portait bien son nom ! Elle balaya la salle des yeux, sans voir la jeune femme. Elle semblait avoir disparu. Elle avisa une table libre près de la fenêtre et s’y installa. La patronne derrière le bar cria en direction de l’arrière-salle: " Justine, pressons, tu fais attendre les clients !"

Léa observait les clients du bar. Les conversations allaient bon train, se nourrissant des évènements récents, teintées d’un humour grinçant. Elle se sentit à l’aise dans cet endroit rempli d’inconnus et en oublia presque la raison de sa présence. Elle essayait de suivre la partie de belote qui se déroulait à la table voisine, et la conversation des joueurs qui était digne des films de Pagnol, quand une jeune serveuse arriva de l’arrière-salle. Elle ajustait son tablier noir et regardait sa patronne d’un air coupable. Celle-ci prit un air sévère, et lui désigna de la tête, les tables en attente, dont la sienne. La jeune Justine prit un plateau, et s’empressa d’aller débarrasser les tables désertées par les clients précédents, puis s’approcha de la table de Léa pour prendre sa commande.

Une image... une histoire: Lettres (Partie 2/3)

Léa reconnut la jeune femme qui avait jeté rageusement une lettre dans la Boîte postale bleue. Elle n’osa pas l’interroger d’emblée et passa sa commande, puis observa ses allées et venues. Lorsque la jeune serveuse lui apporta son chocolat chaud, Léa se décida à lui poser la question qui lui brûlait les lèvres.

" Je vous ai remarquée, lorsque vous avez posté votre lettre tout à l’heure, et je me demandais pourquoi vous sembliez tellement bouleversée."

La jeune femme la fixa, d’un air incrédule, sans rien répondre. Léa se ravisa, soudain gênée de son audace.

"Pardonnez-moi, je ne voulais pas être indiscrète.. "

"Non, ne vous excusez pas, répondit Justine. Votre phrase m’a surprise, c’est tout. Je … Je préfère ne pas parler de cette boîte aux lettres. Il y a des oreilles indiscrètes ici, ajouta-t-elle, en tournant la tête vers les joueurs de carte. Si cela vous intéresse, je finis mon service dans une heure, et je vous expliquerai."

Léa la remercia, et paya sa consommation, puis elle prit son temps pour déguster son chocolat. Les tables se vidaient peu à peu, et lorsque l’heure fut écoulée, elle se leva et sortit pour attendre Justine à l’extérieur du bar.

Quelques minutes plus tard, la jeune Justine sortit du café. Elle avait retrouvé ses habits "civils" et se dirigea vers Léa sans hésiter, ce qui l’étonna beaucoup. Elle entama la conversation comme si elles se connaissaient depuis longtemps, alors qu’elles étaient de parfaites inconnues.

"Je suis contente de pouvoir parler de cette histoire, commença la jeune femme. C’est une histoire de fous, et j’aimerais que vous me disiez ce que vous en pensez. Mais ne restons pas là, ma patronne nous observe derrière les carreaux."

Léa jeta un coup d’œil rapide vers le bar, et remarqua que la patronne les observait du coin de l’œil en rangeant ses tables. Les deux jeunes femmes s’éloignèrent rapidement, et prirent la rue de la fameuse boîte aux lettres d’amour. Justine s’arrêta devant elle, et se retournant vers Léa, s’écria:

"Vous voyez, cette boîte est un attrape-nigaud !"

Elle pointait un doigt accusateur vers l’inscription en anglais qui barrait la porte bleue.

"Pourquoi, dites-vous cela ?" interrogea Léa.

"Parce que c’est vrai ! s’indigna Justine. Une de mes clientes fidèles qui est très âgée, vient souvent au bar pour prendre son café du matin. Elle habite cette rue depuis son enfance, et comme cette boîte aux lettres m’intriguait, je lui ai demandé si elle savait depuis quand elle était là. Elle me répondit qu’elle avait toujours vu cette boîte sur le mur, sans en connaître la provenance, mais que la rumeur disait que les véritables lettres d’Amour déposées ici, trouveraient toujours leur destinataire, et que l’Amour s’il était véritable en serait récompensé."

Léa ne put s’empêcher de sourire en entendant le récit de la jeune femme, ce qui contraria Justine;

"Oui, encore une qui se moque de moi !" dit-elle dépitée.

"Mais non, s’empressa je répondre Léa, je ne me moque pas de vous, mais cette histoire me fait sourire ! Avouez qu’elle est difficile à croire !"

"Oui, je le reconnais, répondit Justine. Ce genre d’histoire à dormir debout, m’a toujours fascinée, et je voulais tellement y croire, que j’ai essayé …"

"Essayé.. de poster une lettre d’Amour dans la boîte ? "demanda Léa. "Celle que je vous ai vu y déposer tout à l’heure ?"

"Non, pas celle-ci répondit Justine. J’avais mis une lettre pour mon petit ami, dans la boîte, voici un mois, où je décrivais toute la belle vie qu’on aurait ensemble. Et puis, hier il m’a plaqué. Alors tout à l’heure, j’y ai jeté une autre lettre .. une lettre d’injures celle-ci ! Bien fait, pour celui qui la lira, et qui n’est pas capable d’exaucer les amoureuses malheureuses en mon genre !"

Elle était rouge de colère et tapait du pied, comme une enfant dépitée d’avoir perdu son plus beau jouet. Léa la regardait avec l’envie soudaine de la consoler et d’en savoir un peu plus sur cette histoire. Elle lui proposa de venir prendre un thé chez elle, pour qu’elle se remette de ses émotions et qu’elles en discutent un peu plus. La jeune femme hésita un peu, puis se décida à la suivre. Quelques minutes plus tard, elles étaient installées dans son salon devant un thé fumant.

Justine, se détendit et lui déballa toute l’histoire. Léa avait l’impression de parler à la petite sœur qu’elle n’avait jamais eue. Elle lui raconta sa relation dans les détails, et plus la soirée avançait, plus Léa était atterrée pour elle. Peu à peu, Justine en décrivant l’attitude de ce fameux petit-ami, comprit d’elle-même à quel point son égoïsme forcené l’aurait menée rapidement à une vie d’enfer . Elle conclut piteusement:

"J’ai l’impression que je l’ai échappée belle, ne croyez-vous pas ?" demanda-t-elle à Léa.

"Oui , en effet, vous serez plus heureuse sans ce minable dans votre vie" répondit Léa. "Je crois que cette boîte est plus intuitive que vous le pensiez, elle semble détecter les amours véritables, et trier le bon grain de l’ivraie, si vous voyez ce que je veux dire .."

La jeune Justine acquiesça et éclata de rire en disant: " Oui , je crois que finalement, cette boîte est vraiment magique, comme le disais ma vieille cliente. Il faudra que je lui en parle !"

Sur ces belles paroles, elle prit congé de Léa, et en la raccompagnant, celle-ci se prit à rêver de tester elle-même le pouvoir magique de la boîte bleue.

Enfin, elle n’avait jamais cru à ce genre de fadaises. Elle verrait bien …

A suivre …

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P
très beau toujours agréable à lire
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G
Merci encore pour votre fidélité de lecture !