10 Août 2013
Je savais ce qu’elle attendait de moi, que la vérité apparaisse, et que le monde connaisse son existence et celle de son enfant, celui que j’avais senti palpiter au fond de moi, cette nuit là, et qui s’était envolé avec elle.
Je rassemblais tous les papiers, et n’eus de cesse, alors que d’écrire cette biographie revisitée par la vérité.
Cela me prit près de deux ans de ma vie, et l’ouvrage fut accueilli de deux manières diamétralement opposées, les uns étant très intéressés par cette nouvelle facette de la vie d’un personnage historique présenté bien différemment jusque là, les autres choqués et par les allégations qu’ils jugeaient outrageantes pour la mémoire de ce compositeur célèbre et adulé. Je reçus même plusieurs lettres de menaces de mélomanes qui m’accusaient de salir sa mémoire.
Je n’en avais cure. Tout ce que je voulais, c’est que cette souffrance immense que j’avais ressenti au fond de mon âme, cette nuit là, soit levée.
En fait, ce qui choquait le plus les âmes bien pensantes, était la dernière page du livre, où j’avais inséré la copie d’une page, manuscrite par le compositeur, où il lui demandait pardon de l’avoir abandonné ce soir là, au profit de sa carrière, elle et son enfant.
Il l’avait écrite quelques mois avant sa mort seulement, et l’avait repliée au beau milieu du rouleau retenu par le ruban mauve, et elle s’était imprégnée de l’odeur des violettes, comme les autres lettres. Il finissait par ces phrases :
« Je voudrais que tu me pardonnes cet immense égoïsme qui a détruit nos deux vies et notre amour. J’espère que là où tu es, tu entends ces mots parce que je n’ai jamais aimé que toi. Je souhaite te retrouver enfin, où que tu sois, pour tenter de vivre ensemble, ce que j’ai détruit, ici. »
Je sus qu’elle avait trouvé la paix, le jour de la parution de mon livre.
En rentrant après la présentation officielle à la presse, j’ouvris la boite où j’avais rangé la correspondance à l’origine de ce livre, et comme chaque fois que je l’ouvrais, la fragrance de violette vint chatouiller mes narines.
Puis quelques minutes plus tard, ce parfum familier se dissipa, se volatilisa, comme un voile qui s’envole dans le vent.
Tout ce que je sentais maintenant, c’était cet étrange frisson qui glissait le long de mon cou …
Comme la caresse d’une main froide qui m’effleura et disparu comme elle était venue ….
(((Fin)))